Thomas Beckers
Habiter
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La pratique de la sculpture, en particulier, du modelage de terre ou du moulage m’intéresse pour leur ancrage dans une réalité qui impose ses limites. Le matériau résiste, fait état de tensions et tente de revenir à son état premier. La lenteur d’exécution, les contraintes du séchage, la complexité des dépouilles et contre-dépouilles forcent l’humilité, la réflexion et la feinte dans la création.
Les œuvres de Thomas Beckers naissent de songes ou de rêves. On y voit des pièces qui se répètent, des façades renversées, des murs retournés… Parfois les formes se plient ou se tordent, parfois elles sont planes et strictes. Il arrive même qu’elles soient creuses.
Thomas Beckers est un plasticien (il habite et travaille à Bruxelles) ; en janvier 2023, il exposera à la galerie Espace-D avec un solo intitulé « Habiter ». Ce titre fait référence à l’action d’occuper un espace physiquement, mais aussi d’y prendre place mentalement ou à l’inverse, que quelque chose prenne place en nous. La sculpture est une forme d’art dimensionnel, elle est tactile et vivante. Thomas Beckers sculpte la terre glaise pour former ses œuvres, il n’essaye pas de dissimuler ses propriétés mais plutôt les mets en valeur. Une douzaine de ses œuvres habiteront la galerie, posées ici et là dans une série harmonieuse au thème architecturale.
À échelle humaine, les sculptures de Thomas Beckers font penser à des jeux ou à des pièces de puzzle. Des pions ou des assemblages. C’est aussi car elles dégagent une certaine innocence de par leurs formes pures et réalistes ; elles sont attractives, elles donnent envie d’être manipulé. Mais dans cette apparente simplicité, dégage aussi un humour profond et parfois même inquiétant. Un peu surréalistes, un peu noires, les références que font les objets – maison impénétrable, le symbole du mur, l’intérieur emmuré – sont plus graves et dépeignent adroitement des questionnement et intrigues venant tout droit des rêves éveillés de l’artiste. Il écrit : « Mes sculptures adoptent un aspect à la fois drôle et tragique oscillant entre l’art dit ‘noble’ et le jouet, la postiche et la statuaire antique, le savon de toilette, la confiserie et la pièce de musée... »
Pour l’exposition à Espace-D, Thomas Beckers présentera des œuvres sur piédestaux, des œuvres sur étagères, d’autres montés au mur. Cet ensemble de formes presque monochrome fera écho à l’architecture de la galerie. « Habiter », première exposition de l’année à la galerie, ouvrir la saison avec un travail inédit, curieux et doté d’une touche parfois kafkaïenne.