André Navez
Monochrome
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Pour entamer la nouvelle saison, Espace-D a le plaisir de présenter le travail de l’artiste plasticien André Navez (La Louvière, 1955). L’artiste ayant exposé dans les quatre coins de la Belgique, nous sommes heureux de vous faire découvrir ses œuvres récentes à Bruxelles : une curation de ses ciments, mélange de contours rectangulaires ou informes, choisis spécifiquement pour la galerie.
Avec une formation de peintre et de sculpteur, André vient apporter à ses œuvres murales un corps et un relief délicatement textural. En travaillant le ciment, le teintant, coulant, et ensuite en le traitant, l’artiste applique de la matière brute à ses bases (bois, aluminium-dibond, canevas, fibre ou autre). Ceci apporte une profondeur et un poids, littéralement et figurativement, qui ancre son travail dans une dimension plastique.
De plus, l’artiste marque le ciment ; la matière colorée est appliquée, striée, et ensuite recouverte au pulvérisateur de nouvelles teintes. L’œuvre nous appelle à se rapprocher et à y percevoir ses entrailles, où les parois intérieures du ciment nous livrent leur couleur d’origine, un contraste doux, qui attire. Les jeux de coloris ne finissent pas là, André créer des halos ou des dégradés raffinés. Le spray lui permet de laisser la couleur prendre sa place, sans inviter les gestes ou les traits du peintre. Le résultat est donc un coloris parfaitement appliqué, une justesse et une douceur chromatique.
L’artiste explore ces matérialités dans une requête méditative – le zen faisant partie de sa pratique. Le temps et la lumière viennent prendre toute leur place dans son travail. Le temps dans les infinis des couleurs, la lumière dans ses reflets. Une résonance entre la réalité de la matière et l’absorption quintessencié du ciment engendre un dialogue : entre physique et intérieur. D’ailleurs, ses œuvres ne seraient-elles pas aux couleurs de nos visions internes ? L’abstraction totale révèle d’une intensité, nous emportant dans la contemplation. Un langage universel, sans picturalité ou référence propre, mais dans une poésie généreuse qui enveloppe notre regard.
Bien que le ciment soit un matériau dur, les tableaux de l’artiste sont dotés d’une finesse analogue. Comme le grain d’un poster, mais avec la profondeur d’un paysage. Dans la simplicité abstraite, André Navez nous emporte dans une matérialité complexe. Dans le jeu de la couleur, nous sommes transportés dans des monochromes… pas si monochromes que cela finalement.